Autrefois les fours à chaux étaient très nombreux à Augmontel, il n’en demeure plus qu’un seul en activité aujourd’hui. Vers 1950, trois fours fonctionnaient encore, mais les derniers furent peu à peu abandonnés au cours du 20 e siècle. Les terrains calcaires d’Augmontel fournissaient la matière pour la fabrication de chaux vive. La pierre était extraite des carrières, transportée dans un tombereau tiré par un cheval jusqu’aux fours.
Ces derniers, alimentés en charbon provenant des mines de Carmaux, devaient chauffer pendant 8 jours pour atteindre la température nécessaire à la réduction de la pierre en chaux.
La chaux extraite tous les deux jours servaient au chaulage des champs et à la construction des bâtisses.
L’activité, saisonnière, à l’automne et au printemps, était souvent associée à celle de la brique. Des gisements d’argile très rouge sont présents sur le causse et les propriétaires de fours devenaient briquetiers pendant l’été.
Les briques et tuiles étaient façonnées en terre glaise, enfournées et cuites plusieurs jours. La température du feu était soigneusement surveillée, le travail délicat, et la cuisson nécessitait une main d’oeuvre importante, lors de l’enfournement et du défournement des objets.
La production était utilisée localement ou dans un secteur limité. Il s’agissait d’une production de briques, les « barraux » de type régional, c’est à dire petites et pleines.
Les dernières productions de briques et tuiles avaient déjà cessé avant la seconde guerre mondiale.
► Le costume local
Il s’apparentait à celui du midi toulousain, la femme portant une jupe de laine sombre ainsi qu’un tablier noué à la taille avec un casabé, mantelet. La coiffe recouverte d’un foulard noué sous le menton s’accompagnait d’un chapeau de paille à la belle saison.
L’homme portait un gilet et une ample blouse bleue ou noire, en lin ou en coton, sur une chemise à fines rayures de couleur et un pantalon de laine ou de serge. Un chapeau de feutre noir, un béret ou un bonnet de laine marron selon les circonstances, complétaient la tenue. Les sabots de bois chaussaient hommes, femmes et enfants.
Le groupe de folklore de la Maison des Jeunes d’Augmontel perpétue les danses et chants traditionnels.
► La Craba
La craba, chèvre en occitan, est une cornemuse du Haut-Languedoc, autrefois très répandue dans le Sidobre et La Montagne Noire. Son nom provient de sa grande poche faite d’une peau entière de chèvre ou de brebis, sans couture, tannée à l’alun, le poil en dedans. Cette matière et la présence d’un long bourdon grave reposant sur l’épaule du musicien donne à l’instrument un volume spectaculaire. Elle est de couleur blanche. L’instrument est décoré de laines colorées vivement.
Cet instrument n’a pas beaucoup évolué depuis ses origines médiévales et se compose de plusieurs parties :
lo graile, joue la mélodie
la bonda, fait un accompagnement de basse
lo bufet, sert à gonfler la poche, il est muni d’un clapet en bois
la pèl, peau de chèvre
Très pratiquée avant 1914, la craba animait régulièrement les veillées, les bals, les noces dans la vallée du Thoré. Les crabaires, joueurs de cornemuses, faisaient partie des classes les plus basses de la société rurale d’alors, ouvriers agricoles, petits métayers, ce qui explique que leurs descendants, en abandonnant l’instrument, se débarrassaient en même temps de leur misère passée.
La guerre de 1914 au cours de laquelle de nombreux jeunes hommes, dont quelques crabaires, perdirent la vie ainsi que la diffusion de l’accordéon à partir des années 20, instrument plus commode à jouer, expliquent la disparition de la craba au cours du 20 è siècle.
De plus, sa fabrication a toujours été aléatoire, assurée la plupart du temps par le musicien lui même ou par quelque artisan habile de ses mains : pas de luthier ayant pignon sur rue et encore moins de fabricant de craba industriel !
Quelques témoignages ont toutefois permis de retrouver le nom de personnes ayant fabriqué ou réparé des crabas : ainsi le père et le fils Cauquil de Cambounès, ce dernier décédé en 1947, ou Joseph Mahoux, célèbre ménétrier vabrais, mort en 1917. Précisons que les derniers authentiques crabaires, c’est à dire issus d’une tradition entretenue et transmise de générations en générations, sont morts dans les années 50, comme Emile Biau, d’Aiguefonde, Pierre Aussenac, de Mazamet, ou Jules Costes, de Garrevaques (près de Revel).
Dans notre commune, plusieurs crabaires animèrent les veillées et les fêtes liées aux travaux agricoles, mais seul le nom de Charles Cousinié, d’Augmontel, nous a été rapporté.
Cependant, cet instrument connait de nos jours un regain de faveur grâce à des musiciens locaux qui ont retrouvé les répertoires de cette cornemuse et les font revivre lors des fêtes locales, avec le soutien des collectivités locales, Conseil Général, Conseil Régional, et plusieurs associations.
En septembre 2004 a eu lieu à Mazamet le Camin de Craba, Festival de Cornemuses.
( Les informations concernant la craba sont tirées du journal municipal Dialogues n°60, page 14, article rédigé par Felip Cals).