L’aire de l’Autan s’étend sur le Lauraguais, le Toulousain, la moyenne vallée de la Garonne, le Rouergue et le Quercy et dépasse donc largement le département du Tarn. Composante essentielle du sud du Tarn, l’Autan est un vent chaud, sec et violent qui souffle en rafales du Sud-Est. Il est induit par les hautes pressions barométriques centrées sur la Sardaigne qui rencontrent et heurtent des dépressions atlantiques se dirigeant vers le Nord-Est.
► Après leur passage au-dessus de la mer Méditerranée, quand le « marin » déverse des pluies sur le Bas Languedoc et la barrière naturelle formée par la Montagne Noire, à leur descente rapide sur le versant nord, la température des masses d’air s’élèvent et arrivent chaudes et sèches au pied de notre Montagne Noire, avant de s’étendre sur toute la plaine de l’Agout. C’est l’effet de foehn, un vent sec et violent qui balaie les paysages du Castrais.
► Lorsque les dépressions atlantiques sont puissantes, avec une trajectoire de latitude plutôt basse, elles parviennent à contrer le phénomène du vent d’Autan. Il cesse brusquement, souvent en fin de journée, et laisse place à la pluie.
► Il existe une variété de l’Autan, appelé Autan noir, qui souffle en hiver. Il est dû à une dépression centrée sur l’ouest méditerranéen, n’induit pas de phénomène de foehn, mais amène au contraire de fortes pluies et des neiges abondantes.
► Le vent d’Autan souffle toute l’année mais surtout au printemps, en mai, et à l’automne, lorsque les perturbations atlantiques frappent le centre et le nord de la France. Il se manifeste par de fortes rafales, d’environ 60 km/h, parfois très violentes, avec des pointes à 130 kilomètres/h. Cependant, il demeure en général assez faible, sauf au pied de la Montagne Noire où son amplitude est plus marquée. C’est là qu’il atteint ses vitesses les plus élevées, dans la plaine en direction de Lavaur, où il souffle et s’engouffre avec impétuosité. Le 25 février 2003 à 10h, on enregistrait 97km/h à Toulouse, 112 km/h à Labruguière et 122 km/h à Dourgne ! Il souffle fort ( à plus de 60km/)jusqu’à 100 jours sur le Causse de Labruguière, environ 50 jours à Castres et dans le Sidobre, et seulement 10 jours à Albi ! Des territoires qui nous sont pourtant très proches, comme Castres par exemple, sont donc nettement moins touchés que nous par l’Autan. Si sa vitesse atteint 60 km/h, il souffle au moins deux jours consécutifs.
► Les effets du vent d’Autan sont bien connus et souvent étonnants. Ce vent bien particulier génère des microclimats favorables, modérant les gelées précoces d’automne et les gelées tardives de printemps, limitant les brouillards et l’influence des montagnes. La photo à droite montre la Montagne Noire dans la brume matinale alors que le causse est déjà ensoleillé. L’Autan peut réchauffer en quelques heures la température de plusieurs degrés. Déclenchant des redoux spectaculaires en hiver et au printemps, il allonge la période estivale et accentue sa sécheresse. Il apporte la douceur méditerranéenne, accélère l’évaporation des eaux en surface, accentue l’assèchement des sols et provoque l’évaporation de l’eau contenue dans les plantes. Il marque donc profondément la végétation du Causse où l’on trouve des espèces méditerranéennes supportant bien la sécheresse et la pauvreté des sols.
► Au-dessous de 300 m d’altitude, dans notre secteur proche du Causse, l’Autan génère un climat très ensoleillé et lumineux, marqué par une période sèche assez longue de trois ou quatre mois, interrompue d’orages parfois violents. Les précipitations annuelles sont inférieures à 900 mm.
► Parfois difficile à supporter pour les personnes qui ne sont pas natives de la région lorsqu’il souffle pendant plusieurs jours, il a la réputation d’énerver mentalement, et de fatiguer physiquement. C’est le « vent des fous » ou le « vent du diable ». Ses effets sur la santé et le comportement des hommes et des bêtes sont connus depuis longtemps, mais ils ont fait l’objet d’études scientifiques récentes : irritabilité, troubles du sommeil, vertiges, angoisses, céphalées et migraines sont ressentis par de nombreuses personnes lors de ses épisodes les plus marqués. Il aggraverait également les troubles cardiaques et provoquerait les accouchements.
► Les météorologues et climatologues ont du mal à expliquer sa genèse et ses particularités. Il y a en fait plusieurs Autans qui diffèrent par leurs carastéristiques et par les phénomènes qui les engendrent. Le relief, Pyrénées et Montagne Noire, joue un rôle essentiel.
► Il est très présent dans la vie quotidienne des tarnais et marque aussi l’habitat : orientation des maisons, couverture, disposition des tuiles de faîtage.
Malgré sa violence et les dégâts qu’il peut engendrer, il conserve une forte valeur symbolique et marque de façon tout à fait originale le sud du Tarn.
Photo : Un matin d’hiver, brume sur la Montagne Noire, léger vent d’Autan.( Photo prise du causse au dessus de Payrin, sur le chemin des chèvres).
Le climat du Tarn
► Le département du Tarn, au contact entre le Bassin aquitain et le Massif central, est caractérisé par un ensemble de plateaux et de collines inclinés vers le sud-ouest, bordés à l’est de plateaux de faible altitude et au sud-est de chaînons montagneux, Monts de Lacaune, Sidobre, Montagne Noire allant jusqu’à avoisiner les 1 300 m d’altitude.
Le Tarn, tributaire de la Garonne, et ses affluents l’Agout et le Dadou, traversent tout le département par trois larges vallées.
► Le Tarn bénéficie du climat océanique, marqué par des pluies d’hiver et de printemps, des vents d’ouest au nord du département, des températures assez douces mais la proximité des reliefs d’une part et de la méditerranée d’autre part lui confère deux caractéristiques :
- une influence montagnarde dans l’est du département et sur la Montagne Noire. Elle se caractérise par des pluies plus abondantes, des températures moyennes plus basses et un ensoleillement moindre.
- une influence méditerranéenne qui explique la sécheresse et les fortes températures estivales, qui font du Tarn un des endroits les plus chauds de France les mois d’été. A l’automne et en hiver, les pluies cévenoles arrosent abondamment les versants sud du relief tarnais et peuvent engendrer des crues spectaculaires du Tarn et de l’Agout.
Bibliographie :
Le Tarn, encyclopédie illustrée. Editions Privat. 2003.
Atlas du Tarn. Conseil général. 1999.
Météo du sud. Christophe Vincendon. Editions Loubatières. Toulouse.2005.