La colline de la Madeleine à Augmontel

Vous trouverez ci-dessous le texte de Patrick Urbano, Service Espaces et Paysages du département  du Tarn pour la visite-conférence sur le site en août 2002.

« Peu visible depuis la route de Castres à Mazamet, un peu à l’écart des regards, la colline de la Madeleine qui domine le village d’Augmontel est pourtant un lieu particulièrement attrayant.

Ce morceau du Causse de Caucalières, lambeau de plateau épargné par l’érosion, offre en effet un site privilégié de promenade et un observatoire remarquable sur le sud du Tarn. C’est à l’arrière du village qu’un petit chemin herbeux permet d’accéder à la Madeleine.

Avec son cortège de vertes prairies, ses abords bocagers, son ambiance champêtre, il ne laisse rien présager de ce qui nous attend plus haut… Histoire de séquences paysagères… Parvenu sur la hauteur, il s’avance sur une plate-forme caillouteuse, garnie de pelouses piquetées de plantes caussenardes… Là, c’est un superbe panorama qui s’offre de toute part au visiteur, un surprenant « travelling » sur le sud-tarnais.

Mais si tout panorama est agréable à l’oeil parce qu’il donne à voir autrement le paysage, celui que propose la Madeleine peut se prévaloir d’être aussi instructif, pédagogique et donc passionnant. En effet, de sa position charnière entre le Massif central et la plaine Aquitaine, le Tarn a hérité d’une palette riche et variée de paysages et pour sa partie méridionale, le promontoire providentiel de la Madeleine témoigne de ce caractère singulier et permet d’en prendre toute la mesure.

Plusieurs ensembles ou unités paysagères viennent en fait s’agencer ici entre Montagne Noire, Monts de Lacaune et Plaine du Castrais ; un assemblage subtil, témoin de diversité et de singularités ; une aubaine pour le géographe… Situer dans l’espace et repérer chacune des entités paysagères devient ici un exercice passionnant, chacune ayant ses formes, ses éléments caractéristiques.

  • Loin, vers le Nord, le plateau du Sidobre, puis, la cassure de la Durencuse.
  • Vers l’est, l’amorce du plateau d’Anglèssur les hauteurs de Boissezon et Pont de l’Arn, le sillon du Thoré puis Mazamet installée au débouché de l’Arnette.
  • Déjà, le front massif de la Montagne Noireen impose au regard et s’élève vers le sud ouest.
  • A nos pieds s’étalent les larges perspectives du Causse, ses pelouses rases et ses terres calcaires, tandis que,
  • vers l’ouest moutonnent les collines du Castrais.

On peut alors s’attarder sur quelques paysages de proximité, aller chez chacun d’eux capter du regard quelques éléments particuliers et récurrents qui fondent leur caractère… Pour l’un, des lignes horizontales brisées par quelques reliefs ; pour l’autre, les dômes émoussés d’un vieux massif, tout en courbes et en rondeurs… Ici, la pelouse, le genévrier, la falaise et la pinède. Là, le bocage, les prairies, le troupeau, un grand chêne, une plantation de résineux…

Chacun peut ainsi à loisir approfondir l’inventaire, avoir envie d’aller voir plus près et entrer spontanément dans la réalité de chacun de ces paysages pour y trouver, au final, l’expression de l’histoire des hommes. Ici réside toute la force affective du paysage-visage des territoires capable de donner du sens à nos lieux de vie, de tisser ou de retisser des liens forts entre une population et son cadre de vie.

La colline de la Madeleine est peut-être là pour ça… »

Photos : Augmontel et la colline, le chemin d’accès, genêts.