Cécile Cauquil a été de longues années institutrice à l’école d’Augmontel. C’était une école à classe unique. Cécile Cauquil utilisait la méthode pédagogique de Freinet fondée sur l’expression libre des enfants, textes libres, dessins libres, correspondance inter-scolaire, imprimerie et journal de l’école etc…Cette pédagogie a marqué les enfants qui sont passés par l’école d’Augmontel. La Maison des Jeunes et de la Culture, une des plus ancienne MJC était très liée à l’école et aujourd’hui encore, elle garde des traditions qui remontent à l’époque où l’école existait. Voici un texte écrit dans les années soixante par Cécile Cauquil (1907-1998), augmontéloise, écrivain auteur du Peigne d’Or :
« Augmontel, terre de traditions et de contrastes, écartelée aux quatre horizons entre le Causse nu où éclatent les bombes, la forêt domaniale plantée de ses pins noirs dans le vallon secret où vécurent jadis les abbés cisterciens, et le moutonnement des collines herbeuses s’étendant vers le Nord, le Castrais, l’Albigeois… Vers le Sud, la barrière de la Montagne Noire ne laisse passer, par dessus ses épaules bleues, des rivages méditerranéens qu’elle nous cache, que le vent d’Autan, le terrible « vent marin » qui marque ici chaque domaine, comme chaque tempérament..
Augmontel et sa colline, dans son vocable et dans sa terre, qui fut jadis un oppidum gaulois, avant de témoigner du passage des armées romaines, et qui, bien plus tard, connut l’intolérance et vit, tantôt le triomphe des huguenots et tantôt celui des Papistes, et dont les habitants, maintenant descendues à ses pieds, vivent toujours âprement dans leurs maisons blanches, bâties grossièrement de la pierre d’ici, jointoyée à la chaux produite nuit et jour dans leurs fours séculaires…
Les « Cousinié » portant en occitan le nom de « Caoussinié » (cuiseurs de pierre à chaux) et les « Rouanet », fileurs et tisserands des toisons de brebis, pâturant chichement dans les immenses friches, ont fait souche ici, depuis les temps immémoriaux…
Mais, alors que les rustiques fours à chaux étirent toujours leurs maigres panaches dans l’air acide de l’hiver, le « bis-tan-cla-quo » et le « bis-tan-flai-ro » des métiers à tisser familiaux, qui, de l’aube au soir tombé, rythmaient la vie de chacun, il y a moins d’un demi-siècle, s’est tu définitivement..
Seulement, le Rouanet n’en a pas, pour autant, fini avec ses « rouanneries ». Il ne lui reste plus qu’à aller les filer ou les tisser à l’usine la plus proche et ce n’est qu’à cette condition que le petit village continuera à subsister en dépit de la sécheresse de l’été et du maigre rapport de ses terres… »
Lors de la parution dans le journal municipal, en juin 1990, Cécile Cauquil y ajouta ce commentaire :
« Ecrit il y a près de trente ans mais toujours valable à quelques détails près : moins d’âpreté dans la vie quotidienne, la journée y est plus sereine et, si le vent souffle toujours autant, le soleil sourit davantage sur les arbres plus fournis et les fleurs plus heureuses. »